Sept Jours Pour une Eternité

Publié le par Emmanuelle

C'est tellement utopique... Et pourtant je crois qu'on nous voudrions tous pouvoir faire quelque chose.

 

- Jules, j’ai relevé un drôle de défi. Si vous deviez faire quelque chose d’incroyablement bien, quelque chose qui changerait le cours du monde, que choisiriez-vous ?

 - Si j’étais utopiste ou si je croyais au miracle, je te dirais que j’éradiquerais la faim dans le monde, j’anéantirais toutes les maladies, interdirais que quiconque attente à la dignité d’un enfant. Je réconcilierais toutes les religions, soufflerais une immense moisson de tolérance sur la terre, je crois aussi que je ferais disparaître toutes les pauvretés. Oui, tout ça je le ferais… si j’étais Dieu !

 - Et vous êtes-vous déjà demandé pourquoi Lui ne le faisait pas ?

 - Tu le sais aussi bien que moi, tout cela ne dépend pas de Sa volonté mais de celle des hommes à qui Il a confié la Terre. Il n’existe pas de bien immense que l’on puisse se représenter Zofia, tout simplement parce que, au contraire du mal, le bien est invisible. Il ne se calcule ni ne se raconte sans perdre de son élégance et de son sens. Le bien se compose d’une infinie de petites attentions qui, mises bout à bout, finiront, elles, un jour peut-être, par changer le monde. Demande à n’importe qui de citer cinq hommes qui ont changé en bien le cours de l’humanité. Je ne sais pas, par exemple, le premier des démocrates, l’inventeur des antibiotiques, ou un faiseur de paix. Aussi étrange que cela paraisse, peu de gens pourront les nommer, alors qu’ils évoqueront sans problème cinq dictateurs. On connaît tous le nom des grandes maladies, rarement celui de ceux qui les ont vaincues. L’apogée du mal que chacun redoute n’est rien d’autre que la fin du monde, mais ce même chacun semble ignorer que l’apogée du bien a déjà eu lieu… le jour de la Création.

 - Mais alors, Jules, que feriez-vous pour faire le bien, accomplir le très bien ?

 - Je ferais exactement ce que tu fais ! Je donnerais à ceux que je côtoie l’espoir de tous les possibles. Tu as inventé une chose merveilleuse tout à l’heure, sans même t’en rendre compte.

 - Qu’est-ce que j’ai fait ?

 - En passant devant mon arche tu m’as souri. Un peu plus tard, ce détective qui vient souvent déjeuner par ici est passé en voiture, il m’a regardé avec son éternel air bougon. Nos regards se sont croisés, je lui ai confié ton sourire, et quand il est reparti, je l’ai vu, il le portait sur ses lèvres. Alors, avec un peu d’espoir, il l’aura transmis à celui ou celle qu’il allait voir. Tu réalises maintenant ce que tu as fait ? Tu as inventé une sorte de vaccin contre l’instant du mal-être. Si tout le monde faisait cela, rien qu’une seule fois par jour, donner juste un sourire, imagines-tu l’incroyable contagion de bonheur qui filerait sur la terre ? Alors tu remporterais ton pari.

Publié dans Extraits

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