Sept Jours Pour une Eternité
C'est tellement utopique... Et pourtant je crois qu'on nous voudrions tous pouvoir faire quelque chose.
- Jules, jai relevé un drôle de défi. Si vous deviez faire quelque chose dincroyablement bien, quelque chose qui changerait le cours du monde, que choisiriez-vous ?
- Si jétais utopiste ou si je croyais au miracle, je te dirais que jéradiquerais la faim dans le monde, janéantirais toutes les maladies, interdirais que quiconque attente à la dignité dun enfant. Je réconcilierais toutes les religions, soufflerais une immense moisson de tolérance sur la terre, je crois aussi que je ferais disparaître toutes les pauvretés. Oui, tout ça je le ferais si jétais Dieu !
- Et vous êtes-vous déjà demandé pourquoi Lui ne le faisait pas ?
- Tu le sais aussi bien que moi, tout cela ne dépend pas de Sa volonté mais de celle des hommes à qui Il a confié la Terre. Il nexiste pas de bien immense que lon puisse se représenter Zofia, tout simplement parce que, au contraire du mal, le bien est invisible. Il ne se calcule ni ne se raconte sans perdre de son élégance et de son sens. Le bien se compose dune infinie de petites attentions qui, mises bout à bout, finiront, elles, un jour peut-être, par changer le monde. Demande à nimporte qui de citer cinq hommes qui ont changé en bien le cours de lhumanité. Je ne sais pas, par exemple, le premier des démocrates, linventeur des antibiotiques, ou un faiseur de paix. Aussi étrange que cela paraisse, peu de gens pourront les nommer, alors quils évoqueront sans problème cinq dictateurs. On connaît tous le nom des grandes maladies, rarement celui de ceux qui les ont vaincues. Lapogée du mal que chacun redoute nest rien dautre que la fin du monde, mais ce même chacun semble ignorer que lapogée du bien a déjà eu lieu le jour de la Création.
- Mais alors, Jules, que feriez-vous pour faire le bien, accomplir le très bien ?
- Je ferais exactement ce que tu fais ! Je donnerais à ceux que je côtoie lespoir de tous les possibles. Tu as inventé une chose merveilleuse tout à lheure, sans même ten rendre compte.
- Quest-ce que jai fait ?
- En passant devant mon arche tu mas souri. Un peu plus tard, ce détective qui vient souvent déjeuner par ici est passé en voiture, il ma regardé avec son éternel air bougon. Nos regards se sont croisés, je lui ai confié ton sourire, et quand il est reparti, je lai vu, il le portait sur ses lèvres. Alors, avec un peu despoir, il laura transmis à celui ou celle quil allait voir. Tu réalises maintenant ce que tu as fait ? Tu as inventé une sorte de vaccin contre linstant du mal-être. Si tout le monde faisait cela, rien quune seule fois par jour, donner juste un sourire, imagines-tu lincroyable contagion de bonheur qui filerait sur la terre ? Alors tu remporterais ton pari.