Interview DHNet.be, 28 Juin 2005

Publié le par Emmanuelle

Marc Levy, Propos recueillis par Déborah Laurent

D.L. : Vous avez mis cinq ans à écrire cette suite. Parce que vous hésitiez?

M.L. : D'abord, parce que je n'y pensais pas. C'est en écrivant La prochaine fois, en essayant de m'éloigner le plus possible d'Arthur et Lauren pour ne pas qu'il y ait de mimétisme entre Jonatan et Clara, que je me suis rendu compte de l'envie que j'avais de les retrouver et de renouer avec eux. Et puis, en même temps, je m'étais imposé une contrainte. Je m'étais dit: si un jour je fais une suite, il faut qu'elle soit autonome, il faut qu'elle forme une seule et même histoire avec le premier, qu'elle soit aussi originale, et, le plus difficile, qu'on puisse la lire dans les deux sens, le deuxième livre d'abord, le premier ensuite. C'était du travail...

D.L. : Les auteurs disent toujours qu'il y a un peu d'eux dans chacun de leurs personnages. Vous, vous ressemblez plus à Arthur ou à Paul?

(Il sourit, énigmatique) M.L. : A la mère d'Arthur, Lili. Paul ressemble beaucoup à mon meilleur ami. Moi, je suis un peu partout peut-être. (Il sourit encore).

D.L. : Qu'en est-il de l'adaptation cinématographique de Et si c'était vrai?

M.L. : Le film sort début décembre en Belgique et aura comme rôles principaux Reese Whiterspoon et Mark Buffalo. Je n'ai encore rien vu. Je suis allé sur le tournage, j'ai vu quelques scènes et j'ai trouvé que le couple fonctionnait vraiment bien.

D.L. : La première fois qu'on vous a parlé d'adapter votre roman, vous avez réagi comment?

M.L. : Je me suis pincé. Vous imaginez: c'était mon premier roman, il n'était pas encore publié et on me dit: Spielberg veut l'adapter. Je me pince encore. J'admire Spielberg énormément: dans un monde où il y a tellement de xénophobie, de racisme, de peur de la différence, ce type a proposé à la planète entière d'adopter un extraterrestre assez moche.

D.L. : Il parait que vous avez écrit la suite de Et si c'était vrai? parce que Spielberg avait choisi une autre fin...

M.L. : J'avais laissé une fin ouverte à Et si c'était vrai? pour que le lecteur puisse terminer l'histoire comme il l'entend. Mais à partir du moment où le film allait se faire, la fin allait être imposée par le cinéma et moi, par rapport au lecteur de mon livre, j'avais envie que ça soit ma fin à moi d'abord.

D.L. : Vous avez dit un jour: je n'étais pas préparé à la réussite du premier roman mais je me suis préparé à l'échec du second. Et maintenant?

M.L. : Je me prépare à chaque fois à ce que ça ne marche pas. On n'est pas auteur de best-seller. A chaque fois, on remet tout en jeu, tout en cause. C'est un pari incroyable.

D.L. : Vous n'avez pas l'impression aujourd'hui que votre nom est associé au succès?

M.L. : Je touche du bois. C'est du boulot, c'est de la chance mais il n'y a pas d'automatisme.

D.L. : En retrouvant vos personnages, vous avez eu envie de changer des choses chez eux?

M.L. : J'ai eu envie de les faire grandir. Arthur est plus fragile, plus abîmé, moins impétueux. Paul a pris en puissance. Lauren est encore plus déterminée qu'elle ne l'était. J'ai eu envie que ça soit comme dans la vraie vie.

D.L. : L'inspecteur Pilguez et Nathalia se retrouvent, comme dans vos autres romans, dans Vous revoir. Pourquoi?

M.L. : J'aime bien l'idée qu'il y ait des gens que l'on recroise. Dans Sept jours pour une éternité, Pilguez fait une allusion à Lauren. J'aime les clins d'oeil de la vie. Pilguez a une histoire: c'est la contraction de Philippe Guez, qui est mon meilleur ami et ça m'amuse de le mettre dans mes romans. A chaque fois que j'en attaque un, il se demande ce qu'il va lui arriver. Nathalia, c'est une de mes meilleures amies, Nathalie André. Nathalie et Philippe ne sont pas ensemble dans la vie. Et d'ailleurs, le compagnon de Nathalie me demande depuis déjà trois bouquins de faire en sorte que Pilguez et Nathalia se séparent.

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