Interview LeGuide.be, 1 Juillet 2005

Publié le par Emmanuelle

Marc Levy, propos recueuillis par LeGuide.be

Les Livres du Soir : Donner une suite à « Et si c'était vrai... », était-ce une manière de vous réapproprier cette histoire dont Hollywood s'est emparé ?

Marc Levy : J'avais avant tout envie de renouer avec les personnages. Pourquoi maintenant ? Parce que si je l'avais fait après le film, on aurait dit que c'était de l'opportunisme. Je voulais terminer l'histoire à ma façon, oui, mais ça ne veut pas dire que je ne suis pas d'accord avec la fin du film. Je ne le verrai d'ailleurs que le 12 juillet. Là, j'ai lu le scénario, c'est tout.

L.L.S. : Vous parvenez à émouvoir, à intriguer, mais l'écriture en tant que travail des mots ne semble guère compter pour vous... Ecrire « bien » ou « mal » vous importe-t-il moins que raconter ?

M.L. : Il n'y a qu'en littérature qu'on ne reconnaît qu'un seul genre. Ce que vous me dites c'est « Votre livre n'est pas bien écrit, mais c'est bizarre, il me donne envie de bouger les jambes ». Je ne me compare pas à lui, je n'ai pas cette prétention, mais quand Debussy a écrit « Children's corner », les puristes ont dit que ce n'était pas de la musique classique. Non, c'était juste le début du jazz... Même chose pour le pointillisme. On a dit que ce n'était pas de la peinture, juste des points. Je suis écrivain par accident. Je considère que je fais un métier d'artisan, pas d'artiste. Et je ne me lève pas non plus le matin en me disant « Tiens, je vais écrire un best-seller aujourd'hui ». Personne n'est « auteur de best-sellers » ! Mon plaisir, c'est de raconter une histoire, pas de l'emballer avec un style ou avec un ton que je n'ai pas. La littérature est comme un grand escalier. Si je suis sur la première marche, c'est bien. Et si au fil des romans, j'apprends, tant mieux. Je préfère démarrer avec honnêteté et acquérir la virtuosité à force de travail qu'être virtuose dès le début, mais sans émotion. Il y en a qui allient les deux tout de suite, mais pas tant que ça. Ce que je remarque, c'est que, chaque fois, les conteurs se font taxer de « non-littérature ». Voyez Dumas. Ce sont pourtant ces livres-là qui durent.

L.L.S. : « Vous revoir » se passe aux Etats-Unis, comme son début. Ce décor vous séduit ?

M.L. : Mes trois autres romans, « Où es-tu ? », « Sept jours pour une éternité... » et « La prochaine fois », se situent ailleurs. Et le prochain se déroulera en France. J'aime que mes livres me mènent dans un autre décor que celui que se trouve derrière la porte de mon appartement. Imaginez la Belle au Bois dormant sans château. Vous pouvez la mettre dans une chambre d'hôtel, mais ce n'est pas la même chose.

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